mardi 26 mai 2015

«I can drive submarines!»

Et ça revit!

À la demande générale (Général Plante), voici le moment de faire revivre ce blogue! Je n’ai aucune idée du temps que j’ai le goût de consacrer à ça, ça ne sera sûrement pas régulier, mais vous le prendrez comme ça viendra!

Alors voilà qu’hier soir, j’ai fait un aller-retour à Ottawa (je sais…) pour aller voir une conférence. Oui oui, une conférence sérieuse sur le sérieux des océans sérieux. Et je ne me suis pas endormie! Bravo à moi!

Il y a quelques mois, j’ai vu le film de Netflix Mission Blue. Des fois, ma inner geek ressort et je lis des articles sérieux, j’achète un livre sérieux de Hubert Reeves sérieux et j’écoute des documentaires sérieux. Mais Mission Blue, c’est un documentaire-biographie sur une océanographe. Juste avec le titre, je me disais qu’il fallait bien que j’écoute ça. On y raconte la vie de Sylvia A. Earle. Vous ne la connaissez sûrement pas. Honte à moi, je ne la connaissais pas non plus. Faites aller votre Google et allez voir c’est qui. (Aaaah pis je vous aide : ici ou bien ici) Pour les francos (la page est bien plus complète en anglais), Sylvia est une mamie de 79 ans, qui plonge ENCORE. Elle est océanographe, spécialiste des algues, exploratrice du National Geographic, une des premières personnes AU MONDE à avoir plonger en scaphandre autonome (comme on le fait aujourd’hui), elle a HABITÉ deux semaines SOUS L’EAU et a aidé James Cameron à gosser son sous-marin solitaire pour aller dans la fosse des Mariannes (juste le point le plus creux de la Terre, 11 000 m). Juste d’écrire la phrase, j’suis fatiguée! En 2010, à 75 ans, elle était dans l’eau, caméra à la main, pour filmer des pêcheurs-pirates et leurs habitudes pas très respectueuses de la nature. Et les p’tits monsieurs qui l’envoyaient promener! Elle fait des tournées pour donner des conférences et faire comprendre aux gens l’importance des océans pour la planète mais aussi pour notre survie. Et malgré son âge, elle continue. Elle dit : «Si un enfant tombe du 10e étage, est-ce que tu le laisseras tomber en te disant «naaaaah pas aujourd’hui, je prends une pause»»?

Cette madame, c'EST les océans, comme nous le sommes tous. C’est difficile d’expliquer tout ce qu’elle a dit, tout ce qui m’est passé par la tête. C’est nono, mais j’étais un peu groupie! Eille la gang: c’t’une VRAIE sirène!

Elle nous a parlé pendant plus d’une heure et je n’ai pas cligné des yeux une seule fois. Elle a notamment expliqué l’obsession qu’on a à vouloir explorer l’espace, aller toujours plus loin alors qu’on ne connaît que 5% de nos océans. On les vide de leur vie, on les remplit de la nôtre et on ne se force pas trop à essayer de comprendre ce qui se passe avec tout ça. On commence à mieux comprendre les écosystèmes terrestres et à les protéger. Or, ils sont tous liés entre eux et au final, aux océans. C’est simplement logique de mieux étudier ce qui compose 75% de la surface de la Terre! Mais comme on ne voit pas ce qu’il y a sous l’eau comme on voit les forêts, c’est difficile de le faire comprendre. Sachez d’ailleurs qu’aucun habitat n’est protégé au Canada car on ne protège que l’animal ou la plante et seulement si elle a une valeur commerciale. (Si la première question qui vous vient en tête c’est quelque chose dans le genre de «Ben à quoi ça sert de protéger les animaux et les plantes sans protéger l’environnement dans lequel ils vivent?», hé bien, vous avez tout compris! En protégeant les habitats, on protège bien plus qu’un seul poisson qui de toute façon sera pêché avant même qu’il n’ait eu le temps de se reproduire…) Imaginez des parents qui veulent protéger leurs enfants mais qui ont une maison construite sur un dépotoir, qui se nourrissent de n’importe quoi et qui – surtout – ne barrent jamais les portes de leur maison (haha)! Et tout ça dans un pays qui a comme slogan : «D’un océan à l’autre». Ironie, quand tu nous tiens!

Tout ça est scandaleux, mais je comprends que pour plusieurs, on dirait une défenderesse de GreenEpeace (mehehe) qui capote. Mais Sylvia a fait une des meilleures analogies pour expliquer l’importance de la biodiversité. Je vous la partage.

Imaginez un ordinateur. De construction complexe, si on lui enlève ne serait-ce qu’un tout petit morceau, il ne fonctionne plus aussi bien. C’est la même chose avec les vivants peuplant la nature. On enlève une espèce d’un écosystème, ce système fonctionne moins bien. Et je vous dirais qu’il fonctionne de moins en moins bien.

Je vais faire la méthode de la sandwich et finir sur une bonne note! Le projet Mission Blue offre la possibilité à monsieur et madame Tout-le-monde de nommer un endroit dans le monde aquatique qui devrait être considéré comme des Hope Spots (des sites d’espoirs, dispersés sur une Google Map). Des genre de points chauds de biodiversité (des endroits où on y trouve beaucoup d’espèces, des espèces en danger ou bien des conditions environnementales particulières) et où les habitants on a cœur la protection de cet endroit. À moins que ce ne soit déjà fait, j’aimerais proposer l’estuaire du Saint-Laurent! (Pas le droit de le faire avant moi!) Comme j’ai dit à Gabrielle (on travaille ensemble chez GUEPE), on serait vraiment sur la mappe!

Sur ce, je vous souhaite une excellente Semaine du Saint-Laurent! Du 4 au 14 juin!

À bientôt!

M

Le titre du billet fait référence à une petite blaguette qui a eu lieu au début de la conférence : Mamie voulait faire jouer un vidéo et ça ne fonctionnait pas (un classique). Un technicien est arrivé sur scène et pendant qu’il cherchait le problème, elle nous a regardé avec un petit sourire en disant : «I can drive submarines!» («Je peux conduire des sous-marins!»). On a bien rit.